Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Pearls of Nature
10 octobre 2007

Le point sur les conservateurs: les antimicrobiens

Microbes

Définition : Un conservateur est une substance capable d’empêcher l’altération chimique ou microbiologique d’un produit.

On classe parmi ce qu’on appelle conservateur deux classes de produits :

- Ceux qui vont avoir un effet sur l’oxydation due à l’oxygène, ce sont les antioxydants

- Ceux qui vont avoir un effet sur la prolifération bactérienne et fongique (champignons) : ce sont les conservateurs antimicrobiens.

En réalité, il serait plus juste de parler de conservateur uniquement pour ceux à l’action antimicrobienne. Ce post traite seulement des conservateurs antimicrobiens, un autre sera consacré aux antioxydants.

Sauf apparence ou odeur suspecte, on ne voit pas ces altérations à l’œil nu, il faut donc prévenir plutôt que de prendre le risque que notre préparation soit bourrée de microbes, champignons et autres bactéries : un, on passe du temps à élaborer une préparation pleine d’agents actifs et d’huiles précieuses, ce serait dommage que tous ces produits soient altérés et rendent nos crèmes inefficaces ; deux, la contamination peut être dangereuse pour la peau comme pour le corps, d’autant qu’on ingère un peu sans s’en rendre compte les crèmes qu’on se tartouille sur le visage.

Avant d’entamer notre petite analyse, dois-je rappeler les BPF (ie les Bonnes Pratiques de Fabrication) ? Il ne sert en effet à rien d’ajouter toute sorte de conservateur et antioxydant à nos préparations si celles-ci ne sont pas fabriquées dans des conditions optimales, à commencer par la stérilisation de tout notre matériel…

 

A savoir

- Il existe des éléments nutritifs pour les bactéries. Leur présence dans nos produits nous rendra donc particulièrement vigilantes : vitamines, protéines, sucres par exemple

- Un produit qui ne contient pas d’eau (anhydre) sera moins sujet au développement des bactéries, qui se développent de façon préférentielle en milieu aqueux.

 

Les conservateurs antimicrobiens

Les parabens (Methylparaben, Propylparaben, Ethylparaben, Butylparaben)

Il existe un certain nombre d’idées sur les parabens, mais peu de données scientifiques accompagnent les allégations que l’on porte sur ces produits. J’ai étudié le dernier article de l’équipe de El hussein et ses collaborateurs (2007) sur l’évaluation des parabens utilisés en cosmétique sur l’épiderme humain. Les résultats sont sans ambiguité : les molécules chimiques, à utilisation prolongée, s’accumulent dans la peau, avant d’être transportés par le sang et s’installer dans les tissus humains. Ces éléments sont en faveur d’une toxicité chronique, puisque 90% des produits cosmétiques de consommation courante contiennent des parabens, et que le consommateur les utilise quotidiennement. La toxicité des parabens a été démontrée par plusieurs équipes scientifiques (Mathews et col., 1956 ; Routledge et col., 1998 ; Darbre, 2004).

 

De quelle façon les parabens sont-ils toxiques ?

En gros, la peau contient des enzymes qui sont capables de transformer une molécule chimique absorbée pour la rendre soluble dans l’eau, et ainsi l’éliminer plus facilement à travers la bile ou l’urine. Or, ce mécanisme ne fonctionne pas toujours avec les parabens, qui subsistent à l’intérieur des tissus humains, ne sont pas dégradés et contribuent de ce fait à une toxicité chronique.

Les parabens sont « oestrogènes-like », c'est-à-dire qu’ils imitent l’action des oestrogènes et augmentent ainsi la prolifération des cellules cancéreuses (Andersen et col, 2000-2001). Ils pourraient influencer le développement des cancers du sein. Chez l’homme, l’application prolongée des parabens entraînerait une baisse de la sécrétion de la testostérone.

 

Le Formaldéhyde

Sa réputation n’est plus à faire. Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) l’a classé comme cancérogène pour l’homme, je pense que ça se passe de commentaire…Parmi les effets toxiques de ce produits : irritations sévères de la peau et des yeux, cancers nasopharyngés, allergies cutanées, effets neurotoxiques, possible risque d’augmentation des leucémies. A priori, plus de risque de présence de formaldéhyde dans les produits de beauté. A priori seulement…..En effet, on le retrouve quand même dans des substances conservatrices libératrices de formaldéhyde comme l’Imidazolidinyl Urea ou le diazolidinyl urea.

 

Le phénoxyéthanol

On ne compte plus les produits contenant du phénoxyéthanol. Comme les parabens ou le formaldéhyde, c’est pourtant un produit à fort potentiel allergisant. Entre autre effets, citons : le risque de cancer, le fort potentiel irritant pour la peau et les yeux, les effets sur le système endocrinien et rénal…Je ne m’étends pas plus sur la question…

 

Le Germall +  (Propylene Glycol (and) Diazolidinyl Urea (and) Iodopropynyl Butylcarbamate) 

Le germall + est souvent utilisé par les tambouilleuses maison en lieu et place des parabens. Pourtant, le germall+, s’il ne comporte pas de parabens, contient des substances aussi douteuses. Par exemple, l'Iodopropyl butylcarbamate, qui libère de l’iode lors de son utilisation et qui augmente le risque de troubles thyroïdaires.  Bryld et ses collaborateurs (1997) ont montré qu’il possédait des effets irritants et allergisants.  La Norvège et l’Allemagne ont même proposé de retirer ce produit de la liste des ingrédients autorisés dans les cosmétiques. L’autre composant du Germall+, le diazolidinyl urea, n’est pas mieux loti : c’est un libérateur de formaldéhyde.

 

 

Mais, alors, quelles sont les alternatives à ces conservateurs possiblement toxiques et cancérigènes ?

A notre échelle, nos produits sont utilisés rapidement. Si en plus, on prend soin de les conserver au réfrigérateur, on diminue les chances de contamination. Mais si on veut vraiment y introduire des conservateurs antimicrobiens, on peut quand même trouver des alternatives à ceux décrits ci-dessus.

 

Le sorbate de potassium (Potassium sorbate)

Le sorbate de potassium ou sel de potassium d'acide sorbique est d’origine synthétique ou naturelle  (la plupart du temps extrait du fruit du frêne). C’est un conservateur efficace contre les moisissures et les levures, mais pas sur les bactéries. Il est utilisé dans de nombreux produits alimentaires et dans le vin. Il est considéré comme inoffensif pour le consommateur et je n’ai trouvé aucune donnée scientifique sur son éventuelle toxicité. De plus, il est autorisé dans les produits bio BDIH (nomenclature allemande). Il est donc intéressant à notre niveau mais ne suffit pas pour empêcher la prolifération des bactéries.

A noter : il n’est efficace que dans un excipient dont le ph ne dépasse pas 6.5. Il faut donc mesurer le ph et l’ajuster pour utiliser ce produit (on fait descendre le ph avec de l’acide lactique en général).

 

Phase : soluble dans l’eau

Utilisation : de 0.15 à 0.3%

 

Le Benzoate de sodium (Sodium Benzoate)

C’est le sel de sodium de l’acide benzoïque. Comme le sorbate de potassium, il est également utilisé dans les cosmétiques soumis à la nomenclature Allemande BDIH. La plupart des études de toxicité ont révélé que ce produit était à priori sûr pour l’homme.

 

Les huiles essentielles

Et oui, certaines huiles essentielles possèdent des propriétés antibactériennes et antifongiques remarquables, et….quoi de plus naturel qu’une huile essentielle ? Attention toutefois, je rappelle que l’utilisation des huiles essentielles est sujette à caution car elles sont très puissantes et ne peuvent être utilisées qu’en ayant les connaissances adéquates sur leur mode d’utilisation et d’application et leurs effets secondaires. Certaines peuvent provoquer des allergies, veillez donc toujours à tester leur effet avant toute utilisation.

Parmi les familles biochimiques que constituent les huiles essentielles, ce sont les alcools et les phénols qui possèdent les propriétés antifongiques et antibactériennes les plus remarquées. Citons quelques unes de ces huiles essentielles :

Le Laurier noble (Laurus nobilis) : D’après D. Baudoux : antibactérienne remarquable et antifongique puissante. Son efficacité a été démontrée par Maccioni et col (2002), notamment en synergie avec l’Eucalyptus globulus et la sauge officinale.

La cannelle écorce (Cinnamomum cassia) : antibactérienne à large spectre très puissante et fongicide. Malheureusement, elle est dermocaustique (ne jamais l’utiliser à l’état pur) et nécessite d’extrême précaution quant à son utilisation.

Et aussi l’Eucalyptus globulus (Eucalyptus globulus).

 

Source photo: http://www.astro.northwestern.edu/rasio/AstrobioJRS/

Publicité
Commentaires
B
Si tu lis l'allemand, envoie moi un mail, j'ai quelque part en stock un fichier pdf qui devrait t'interesser...
B
J'attends avec impatience tes références concernant les propriétés antioxydantes...Pour l'activité antibactérienne et antifongique, effectivement, c'est le flou...Mais il est malgré tout vendu pour soigner infections et champignons et d'expérience... ;)<br /> <br /> Le sorbate de potassium a peut être fait l'objet de plus d'études du fait de son usage dans l'industrie alimentaire. Il est moins naturel. Et mesurer le ph, c'est une très bonne chose je trouve, de toutes façons.
O
Concernant l'EPP, j'ai deux papiers dont les résultats montrent qu'il possède bien des propriétés antioxydantes. Malheureusement, l'activité antimicrobienne est loin de faire l'unanimité, j'ai du trouvé seulement deux articles qui le mettaient en évidence contre beaucoup plus qui concluaient sur son absence d'effet sur les gram positif comme négatif. J'ai alors essayé de voir si les scientifiques travaillaient de façon indépendante ou non, ce qui aurait pu nous apporter des informations mais rien de significatif de ce coté-là non plus. Maintenant, je vais donc utiliser le sorbate de potassium, un peu plus contraignant car il exige de mesurer le Ph, mais dont l'activité antimicrobienne a été démontrée de façon plus robuste.
O
Bonjour,<br /> <br /> Oui, je sais que les bactéries ne sont pas des champignons. Il me semblait pourtant avoir bien décrit dans le terme antimicrobien les conservateurs antibactériens et/ou antifongiques pour que justement, il n'y ait pas de confusion entre les deux. Je me suis basée entre autre sur les manuels de cosmétologie qui classent dans les antimicrobiens les antibactériens et les antifongiques. Et encore, pour ne pas faire une prose indigeste, j'ai zappé les bactériostatiques et fongistatiques, je pense que c'est là qu'on pourrait chipoté un peu, car il y a une petite différence entre un bactéricide qui tue les bactéries et un bactériostatique qui empêche leur développement...:)
B
Tu fais une petite confusion...Les champignons ne sont pas des microbes...Tu parles ici des conservateurs ayant une activité antibactérienne et/ou antifongique.<br /> Globalement, c'est plus l'aspect antifongique qui pose problème dans nos tambouilles maison. Et c'est aussi le plus difficile à résoudre en naturel...<br /> <br /> Sinon l'EPP n'a pas un rôle antionxydant mais un rôle antibactérien et antifongique, non démontré scientifiquement mais que mon expérience personnelle tend à prouver.
Publicité
Publicité